On pourrait penser que l'enjeu se résume à la conception d'un test ou examen final qui permettrait de cocher les cases de ce qui a été vu lors de la formation. En vérité, l'enjeu est plus large et implique de se poser 3 grandes questions :
Que tester ?
Comment tester ?
Combien de fois tester ?
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đŻ Quelle compĂ©tence tester : un objectif prĂ©cis est un objectif Ă©valuable
Admettons que vous vouliez que vos collaborateurs suivent une formation en ligne diplĂŽmante sur une soft skill comme « la culture digitale ». Si on vous donne pour mission dâimaginer un examen final pour la dĂ©livrance du diplĂŽme, vous ne saurez probablement pas par oĂč commencer. Câest normal ! Avec un objectif flou comme celui-ci, vous serez bien en peine de concevoir une Ă©valuation pertinente.
Lâessentiel du travail doit ĂȘtre fait en amont, dans la dĂ©finition des objectifs pĂ©dagogiques. Plus vos objectifs sont finement dĂ©coupĂ©s ; plus ils reflĂštent un changement dâĂ©tat clair, plus il vous sera facile de les tester (câest lâobjet de notre article sur l'optimisation des objectifs de formation). Ainsi, vous pourriez dĂ©composer votre parcours sur la culture digitale en micro-compĂ©tences associĂ©es Ă une progression bien identifiĂ©e : pour chaque compĂ©tence, contraster l'Ă©tat final de l'apprenant avec son Ă©tat initial.
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Prenons lâexemple de la compĂ©tence « gĂ©rer son identitĂ© numĂ©rique ». Quelquâun qui maĂźtrise cette compĂ©tence saura gĂ©rer ses paramĂštres de confidentialitĂ© en ligne, Ă©viter les publications qui pourraient lui porter prĂ©judice, ou encore rĂ©agir face Ă un commentaire nĂ©gatif. Une fois que vous en ĂȘtes arrivĂ©s lĂ , lâexercice pour tester la compĂ©tence sâĂ©crit presque tout seul ! En identifiant bien vos objectifs pĂ©dagogiques, vous faites donc plus de la moitiĂ© du travail nĂ©cessaire pour une Ă©valuation rĂ©ussie.
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đĄ Comment tester : au plus prĂšs des conditions rĂ©elles
Encore faut-il concevoir des Ă©preuves qui rĂ©pondent fidĂšlement Ă vos objectifs. Une erreur courante en la matiĂšre est d'attendre que des apprenants qui ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s principalement sur la thĂ©orie sortent pleinement opĂ©rationnels d'une formation. Pourtant, on ne donne pas le permis Ă tous ceux qui rĂ©ussissent le code de la route : on attend de voir ce qu'ils font avec le volant entre les mains ! C'est la mĂȘme chose pour n'importe quelle formation. Former des employĂ©s de banque Ă une nouvelle rĂšglementation sur le blanchiment d'argent, ce n'est pas simplement les Ă©valuer sur la connaissance des nouvelles procĂ©dures Ă suivre, c'est aussi les mettre en face de dossiers clients qu'ils devront accepter ou non dans le cadre de ces procĂ©dures.
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Dans la mĂȘme logique, les tests d'Ă©valuation doivent proposer une difficultĂ© comparable Ă celle que les apprenants rencontreront en situation rĂ©elle. L'astronaute se teste en apesanteur et non dans l'atmosphĂšre : pourquoi en serait-il diffĂ©remment de vos apprenants ? Prenons le cas d'un training sur la sĂ©curitĂ©. Vos stagiaires vont partir en mission prĂšs d'une frontiĂšre dangereuse. Pour les Ă©valuer, vous pouvez les interroger Ă l'oral : « Vous arrivez Ă un checkpoint, un milicien vous demande d'ouvrir le coffre de votre vĂ©hicule pour vĂ©rifier que vous ne transportez rien d'illĂ©gal. Que faites-vous ? ». Les apprenants peuvent rĂ©pondre correctement dans le confort d'une salle chauffĂ©e, mais ĂȘtes-vous sĂ»r qu'ils rĂ©agiront de la bonne façon la peur au ventre face Ă un homme lourdement armĂ© ? Une simulation serait donc ici prĂ©fĂ©rable pour capturer cette difficultĂ© supplĂ©mentaire qu'est la peur. Bien sĂ»r, une simulation parfaite est rarement possible, mais il faut dans tous les cas se demander ce qui s'approcherait le mieux d'une mise en situation rĂ©elle compte tenu de vos moyens.
Ce qu'il faut retenir ici, c'est que le changement que vous souhaitez pour votre apprenant est un changement dans le travail, Ă l'Ă©cole, au quotidien : il ne s'arrĂȘte pas Ă 18h le jour de la formation. Il faut soigneusement Ă©viter tout ce qui, dans votre Ă©valuation, pourrait crĂ©er une bulle sĂ©parant l'apprentissage de la « vraie vie ».
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đ Quand tester : vers lâĂ©valuation tout au long de la vie
C'est précisément pour cette raison qu'il faut remplacer la question de l'évaluation, au singulier, par celle des évaluations, au pluriel. L'examen final doit laisser place à l'évaluation tout au long de la vie, en toute sérénité.
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La plupart du temps, un cours ou une formation se construit de la maniĂšre suivante : une ou plusieurs sessions de transmission de connaissances, puis un examen final (sorte de jugement dernier qui permettrait de sĂ©parer les bons des mauvais) Ă l'issue duquel les apprenants sont lĂąchĂ©s dans la nature. Ce modĂšle, hĂ©ritĂ© en partie de l'Ă©cole, pourrait ĂȘtre amĂ©liorĂ© de deux façons.
D'abord en prenant l'habitude de tester réguliÚrement les apprenants avant l'examen. Si vous voulez former au langage informatique HTML/CSS, plutÎt que de tout miser sur un unique projet final à l'issue de la formation (créez une page web complÚte), pourquoi ne pas proposer des micro-projets à réaliser à chaque étape de la formation (créez un menu, créez un tableau...) ?
Ensuite, en les incitant Ă continuer Ă se tester eux-mĂȘmes aprĂšs l'examen : vous pourriez ainsi inciter vos apprenants Ă se lancer ponctuellement des petits dĂ©fis liĂ©s Ă leur apprentissage pour vĂ©rifier qu'ils continuent Ă progresser au quotidien. Ainsi, dans le cadre d'une formation sur la qualitĂ© de vie au travail, vos apprenants pourraient prendre l'engagement de crĂ©er un planning journalier prĂ©voyant de vĂ©ritables plages de respiration, puis vĂ©rifier dans quelle mesure ils ont bien respectĂ© ce planning.
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Cette (auto)Ă©valuation constante produit 3 effets positifs :
PremiÚrement, elle permet d'avoir un retour d'information correctif : si vous n'avez pas compris la premiÚre leçon sur les lois du mouvement de Newton, mieux vaut le savoir tout de suite que le découvrir au moment de l'examen, lorsque vous devrez prédire une série de trajectoires complexes.
DeuxiĂšmement, la multiplicitĂ© des Ă©valuations permet de diversifier les contextes d'apprentissage. La compĂ©tence de prise de parole en public, par exemple, ne s'exerce pas de la mĂȘme maniĂšre selon que l'on s'adresse Ă un petit groupe ou Ă un grand groupe, ou que l'on parle avec ou sans notes.
Enfin, Ă©valuer plus souvent permet de dĂ©dramatiser le rapport Ă l'erreur. Une fois banalisĂ©e, l'Ă©valuation cesse d'ĂȘtre un jugement dĂ©finitif sur la personne, pour devenir une estimation Ă l'instant t de votre progression dans un processus continu d'apprentissage.
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Un objectif percutant, des exercices au plus proche du réel, une évaluation banalisée : autant d'éléments qui vous permettront de vous assurer que vos apprenants peuvent attester des compétences qu'ils ont acquises, non seulement par un diplÎme ou une certification, mais aussi et surtout dans leur poste et dans leur vie de tous les jours.
Mots clés : évaluation, conseils, recommandations, tester les connaissances
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