Comment pouvez vous observer lâapprentissage de vos apprenants, au-delĂ de la boĂźte noire du cerveau ?
Vous allez les regarder changer dâĂ©tat : lâapprenant sait, fait quelque chose quâil ignorait avant et ce changement dure dans le temps. Il est capable de le faire non seulement dans le contexte dans lequel il a appris, mais dans plein de contextes diffĂ©rents. (Ăa ne vous rappelle rien ? Mais si, lâefficacitĂ© pĂ©dagogique et ses trois dimensions : progrĂšs, rĂ©tention transfert !)
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Pour modifier son Ă©tat de connaissance, lâapprenant passe par deux âstadesâ :
Tout dâabord, il encode les informations quâil trouve dans son environnement : il la perçoit, la dĂ©cortique, en extrait du sens, et en forme un premier souvenir, un peu tĂ©nu. Cette phase est appelĂ©e lâencodage : notre pĂąte Ă modeler cĂ©rĂ©brale garde une premiĂšre empreinte, toute lĂ©gĂšre, qui nous permet dâen parler dans les instants qui suivent, mais guĂšre plus.
Cette premiĂšre trace va ensuite Ă©voluer avec le temps. Elle va sâactiver, par exemple lorsque lâapprenant essaie de sâen rappeler ou quâil va analyser des informations similaires, et Ă chaque activation, elle va devenir plus forte. Plus la trace sera forte, moins il faudra faire dâeffort pour sâen rappeler. Cette phase est celle de consolidation.
Une trace fortement consolidĂ©e est dite âautomatisĂ©eâ : son rappel est spontanĂ© et ne demande que trĂšs peu dâeffort.
Câest un peu abstrait ? Prenons lâexemple simple de la pĂąte Ă crĂȘpe. La premiĂšre fois que lâon fait une pĂąte Ă crĂȘpe, on mĂ©lange les ingrĂ©dients tous en mĂȘme temps, et on se retrouve Ă passer de longues minutes Ă Ă©craser les grumeaux Ă la cuillĂšre. Lors de la dĂ©gustation, on apprend de la part de goĂ»teurs plus Ă©clairĂ©s que nous quâil faut mĂ©langer les ingrĂ©dients petite quantitĂ© par petite quantitĂ©. On encode donc lâinformation suivante âquand je mets les ingrĂ©dients tous en mĂȘme temps, cela fait des grumeaux : il faut donc les mĂ©langer petit Ă petitâ. Câest lâencodage.
Chaque fois que lâon va faire une pĂąte Ă crĂȘpe, on va sâen rappeler, soit si on est chanceux, avant de confectionner nos crĂȘpes, soit, un peu dĂ©pitĂ©s devant une nouvelle plĂątrĂ©e grumeleuse. La rĂ©ussite du souvenir, comme lâĂ©chec, vont rĂ©activer la trace en mĂ©moire, et la renforcer : câest la consolidation. Lorsque lâon fera des pĂątes Ă gaufres, des pĂątes Ă cannelĂ©s, ou mĂȘme des vinaigrettes, recettes qui nĂ©cessitent toutes de mĂ©langer les ingrĂ©dients petit Ă petit, nous activerons cette trace, Ă chaque fois plus rapidement et plus spontanĂ©ment que la fois prĂ©cĂ©dente. A force de faire des recettes de ce type, on nâoubliera plus cette Ă©tape incontournable et nous mĂ©langerons les ingrĂ©dients petit Ă petit sans mĂȘme y penser : câest lâautomatisation.
Le graphique ci-dessus vous dĂ©crit de maniĂšre schĂ©matique le processus dâacquisition de compĂ©tence. Les courbes reprĂ©sentent les deux phases de montĂ©e en compĂ©tence, si lâapprentissage se passe bien. Mais ce nâest pas toujours le cas : ainsi, en lâabsence de feedback, on risque dâautomatiser des compĂ©tences mal encodĂ©es. Pensez Ă un manager tyrannique Ă qui personne ne dirait rien, ou une personne dont la famille nâoserait pas commenter la qualitĂ© de sa cuisine !
Vous lâavez peut ĂȘtre remarquĂ© dans votre pratique, ces phases ont parfois lieu en mĂȘme temps. En rĂ©alitĂ©, il y a de nombreux aller-retours entre encodage et consolidation vu que lâon ârĂ©-encodeâ des traces erronĂ©es, que les nouvelles traces que lâon encode dâexpĂ©riences similaires vont consolider les traces voisines. Cependant, cette distinction nous permet facilement dâaborder les âingrĂ©dientsâ dâun apprentissage durable que lâon va vous prĂ©senter sans attendre