🎓 Quelles sont les phases de l'apprentissage ?
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Écrit par Sarah Elyafi
Mis à jour il y a plus d’une semaine

Comment pouvez vous observer l’apprentissage de vos apprenants, au-delà de la boüte noire du cerveau ?

Vous allez les regarder changer d’état : l’apprenant sait, fait quelque chose qu’il ignorait avant et ce changement dure dans le temps. Il est capable de le faire non seulement dans le contexte dans lequel il a appris, mais dans plein de contextes diffĂ©rents. (Ça ne vous rappelle rien ? Mais si, l’efficacitĂ© pĂ©dagogique et ses trois dimensions : progrĂšs, rĂ©tention transfert !)

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Pour modifier son Ă©tat de connaissance, l’apprenant passe par deux “stades” :

Tout d’abord, il encode les informations qu’il trouve dans son environnement : il la perçoit, la dĂ©cortique, en extrait du sens, et en forme un premier souvenir, un peu tĂ©nu. Cette phase est appelĂ©e l’encodage : notre pĂąte Ă  modeler cĂ©rĂ©brale garde une premiĂšre empreinte, toute lĂ©gĂšre, qui nous permet d’en parler dans les instants qui suivent, mais guĂšre plus.

Cette premiĂšre trace va ensuite Ă©voluer avec le temps. Elle va s’activer, par exemple lorsque l’apprenant essaie de s’en rappeler ou qu’il va analyser des informations similaires, et Ă  chaque activation, elle va devenir plus forte. Plus la trace sera forte, moins il faudra faire d’effort pour s’en rappeler. Cette phase est celle de consolidation.

Une trace fortement consolidĂ©e est dite “automatisĂ©e” : son rappel est spontanĂ© et ne demande que trĂšs peu d’effort.

C’est un peu abstrait ? Prenons l’exemple simple de la pĂąte Ă  crĂȘpe. La premiĂšre fois que l’on fait une pĂąte Ă  crĂȘpe, on mĂ©lange les ingrĂ©dients tous en mĂȘme temps, et on se retrouve Ă  passer de longues minutes Ă  Ă©craser les grumeaux Ă  la cuillĂšre. Lors de la dĂ©gustation, on apprend de la part de goĂ»teurs plus Ă©clairĂ©s que nous qu’il faut mĂ©langer les ingrĂ©dients petite quantitĂ© par petite quantitĂ©. On encode donc l’information suivante “quand je mets les ingrĂ©dients tous en mĂȘme temps, cela fait des grumeaux : il faut donc les mĂ©langer petit Ă  petit”. C’est l’encodage.

Chaque fois que l’on va faire une pĂąte Ă  crĂȘpe, on va s’en rappeler, soit si on est chanceux, avant de confectionner nos crĂȘpes, soit, un peu dĂ©pitĂ©s devant une nouvelle plĂątrĂ©e grumeleuse. La rĂ©ussite du souvenir, comme l’échec, vont rĂ©activer la trace en mĂ©moire, et la renforcer : c’est la consolidation. Lorsque l’on fera des pĂątes Ă  gaufres, des pĂątes Ă  cannelĂ©s, ou mĂȘme des vinaigrettes, recettes qui nĂ©cessitent toutes de mĂ©langer les ingrĂ©dients petit Ă  petit, nous activerons cette trace, Ă  chaque fois plus rapidement et plus spontanĂ©ment que la fois prĂ©cĂ©dente. A force de faire des recettes de ce type, on n’oubliera plus cette Ă©tape incontournable et nous mĂ©langerons les ingrĂ©dients petit Ă  petit sans mĂȘme y penser : c’est l’automatisation.

Le graphique ci-dessus vous dĂ©crit de maniĂšre schĂ©matique le processus d’acquisition de compĂ©tence. Les courbes reprĂ©sentent les deux phases de montĂ©e en compĂ©tence, si l’apprentissage se passe bien. Mais ce n’est pas toujours le cas : ainsi, en l’absence de feedback, on risque d’automatiser des compĂ©tences mal encodĂ©es. Pensez Ă  un manager tyrannique Ă  qui personne ne dirait rien, ou une personne dont la famille n’oserait pas commenter la qualitĂ© de sa cuisine !

Vous l’avez peut ĂȘtre remarquĂ© dans votre pratique, ces phases ont parfois lieu en mĂȘme temps. En rĂ©alitĂ©, il y a de nombreux aller-retours entre encodage et consolidation vu que l’on “rĂ©-encode” des traces erronĂ©es, que les nouvelles traces que l’on encode d’expĂ©riences similaires vont consolider les traces voisines. Cependant, cette distinction nous permet facilement d’aborder les “ingrĂ©dients” d’un apprentissage durable que l’on va vous prĂ©senter sans attendre

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