Une croyance trĂšs rĂ©pandue, est quâil est toujours plus efficace dâapprendre sur le tas, en essayant par soi-mĂȘme et en constatant ainsi ce qui marche ou ne marche pas . La rĂ©alitĂ© est plus nuancĂ©e : si lâapprentissage par essai-erreur a de nombreux bienfaits, il ne fonctionne que lorsque certaines conditions prĂ©alables sont remplies.
đĄ Mieux vaut expliquer/montrer dâabord...
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đ§ En cas dâignorance totale :
Imaginons que lâon demande Ă un enfant de 3 ans son avis sur le cours des options sur la dette grecque, la thĂ©orie des cordes, ou la versification russe.. A moins dâavoir affaire Ă un prodige (on ne sait jamais), lâexercice risque de sâavĂ©rer futile⊠Normal : parfois, votre apprenant ne dispose tout simplement pas des concepts de base lui permettant de donner du sens Ă la situation dans laquelle il se trouve. On se retrouve « comme une poule qui aurait trouvĂ© un couteau », on ne sait pas traiter les informations reçues, ni mĂȘme quelle question poser pour mieux comprendre Dans ce cas, il est essentiel de fournir Ă lâapprenant les Ă©lĂ©ments thĂ©oriques de base, tels que les dĂ©finitions clĂ©s, plutĂŽt que de le laisser dĂ©couvrir par essai-erreur. Si vous Ă©tiez soudain mis aux commandes dâune fusĂ©e, par exemple, vous apprĂ©cierez certainement que lâon commence par vous expliquer Ă quoi correspondent les diffĂ©rents boutons ! Cela peut sembler Ă©vident, mais dans la pratique, nous sommes nombreux Ă lĂącher notre apprenant dans le grand bain, pour ne pas âinterfĂ©rerâ avec sa dĂ©couverte.
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đ€Ż Face Ă un cas complexe :
Lorsque votre apprenant fait face Ă un problĂšme complexe, mobilisant de nombreux paramĂštres - par exemple, une analyse de situation juridique ou un diagnostic mĂ©dical - mieux vaut ne pas le plonger directement dans un cas rĂ©el. En effet, votre apprenant ne saurait pas par oĂč commencer. Si malgrĂ© tout il se lance et obtient un retour, il ne saura pas comment lâinterprĂ©ter : oĂč me suis-je trompĂ©, exactement ? Pourquoi ? Quâaurais-je dĂ» faire diffĂ©remment ?
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đĄ Vous pouvez facilement prĂ©venir ces situations en proposant Ă votre apprenant ce quâon appelle un âcas rĂ©soluâ : vous montrez dâabord Ă lâapprenant comment vous avez vous-mĂȘme rĂ©solu le problĂšme, Ă©tape par Ă©tape. Regarde, je dĂ©noue le noeud comme ceci⊠je commence par aborder le client de telle maniĂšre⊠Puis, vous les laissez essayer : maintenant, Ă toi de jouer ! Enfin, vous les reprenez si besoin : âcâest bien quand tu as fait comme ceciâŠâ, âce geste pourrait ĂȘtre plus ample, regardeâŠâ. Cas rĂ©solu - essai - feedback : un trio simple pour aider vos apprenants Ă traiter les problĂšmes complexes.
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đĄMieux vaut laisser faire, puis corriger...
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â Si vos apprenants ont dĂ©jĂ une petite expertise :ââ
Dans beaucoup de domaines dâapprentissage (notamment en ce qui concerne les adultes), votre apprenant nâest pas une table rase. Il a des idĂ©es, des opinions, des comportements prĂ©existants. MĂȘme sur le relationnel, par exemple, il est rare que lâon parte de zĂ©ro : nous avons tous Ă©tĂ© socialisĂ© dâune maniĂšre ou dâune autre, et avons tirĂ© de notre expĂ©rience des habitudes lorsque nous abordons autrui.
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Dans ces cas lĂ , la recherche montre que, contrairement aux novices, il est plus efficace de laisser les apprenants experts apprendre en essayant de suite de rĂ©soudre un problĂšme que lâinverse : ils sont Ă un stade oĂč ils doivent consolider ce quâils savent dĂ©jĂ , et apprendre Ă appliquer leur expertise dans des situations complexes.
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Attention cependant, âlaisser faireâ ne veut pas dire abandonner : ils auront autant besoin que les novices dâun feedback prĂ©cis et immĂ©diat sur ce quâils sont en train de faire !
đ En cas dâerreur ou dâidĂ©e reçue prĂ©alable :
Parfois, lâapprenant croit savoir ou comprendre, alors que ce nâest pas le cas. Vous vous rappelez ? Câest la fameuse illusion de maĂźtrise du chapitre 1 : nous avons lâimpression de comprendre de quoi il sâagit lorsque les mĂ©dias nous parlent des âgaz Ă effet de serreâ et du besoin de rĂ©duire nos Ă©missions de CO2, mais dĂšs quâon essaye de lâexpliquer, on y arrive pas.
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Lâillusion de maĂźtrise est favorisĂ©e par les approches pĂ©dagogiques passives : vu que le contenu est bien expliquĂ© et fraĂźchement encodĂ© dans notre mĂ©moire, cela nous donne l'impression d'ĂȘtre capable de l'appliquer. Or cette impression va demeurer, alors que petit Ă petit nous aurons oubliĂ© ce que nous avons vu.
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âLe meilleur moyen de lutter contre lâillusion de maĂźtrise est de laisser lâapprenant essayer par lui mĂȘme pour quâil constate oĂč il en est vraiment, puis de lui faire un retour correctif ou feedback : que ce soit Ă l'aide de corrections Ă©crites ou du retour oral d'un connaisseur, le feedback vous permet de savoir quels sont les Ă©lĂ©ments que vous avez bien compris et quels sont ceux qui nĂ©cessitent encore d'ĂȘtre ajustĂ©s.
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Ainsi, dĂšs que lâapprenant a une idĂ©e reçue, ou pourrait faire une erreur quelconque sur votre sujet, il est prĂ©fĂ©rable dâutiliser une dĂ©marche dâessai-erreur-feedback : dâabord laisser lâapprenant essayer par lui-mĂȘme, puis le corriger, et seulement en dernier lieu lui partager le message ou la recommandation gĂ©nĂ©rique que vous souhaitez quâil retienne.
Mots clés : recommandations, conseils, expliquer, montrer, laisse faire
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