đŹ Principe n°1: Limiter la quantitĂ© de messages Ă transmettre
Face Ă une contrainte de temps, le premier rĂ©flexe du pĂ©dagogue est de vouloir ârentabiliserâ Ă tout prix le temps Ă disposition⊠et donc dâen profiter pour faire passer le plus de messages possibles ! ConsĂ©quence invariable de cette stratĂ©gie : La cadence de voix sâemballe, les planches se succĂšdent Ă toute allure... les pauses et respirations laissent place Ă un flot torrentiel de paroles, les questions naissantes foulĂ©es dâun pied inexorable. La nervositĂ© prend le dessus, le souffle vient Ă manquer, et la prĂ©sentation, telle un train fou qui hurle dans la nuit, finit par dĂ©railler. Lâapprenant ressort abattu, perplexe... Ă moins quâil se soit tout bonnement endormi !
DâoĂč provient ce phĂ©nomĂšne si courant ? Tout dâabord, dâune absence de choix. Faut-il rĂ©ellement lister les 15 principes de la Totologie (et ses 5 exceptions) ? Votre prĂ©sentation magistrale de lâart graphique peut-elle aborder les formes, les proportions, la lumiĂšre, les couleurs, et la perspective, en 10 minutes ? Si vous ne sĂ©lectionnez pas le plus important, toutes ces informations seront en compĂ©tition pour se faire une place dans la mĂ©moire des apprenant·e·s⊠et le tri qui sera fait ne sera pas forcĂ©ment le plus pertinent.
Vous lâaurez compris : la rĂ©ussite dâune prĂ©sentation se joue en amont, dans la sĂ©lection des messages Ă transmettre. Cette rĂ©flexion accompagne naturellement celle sur les objectifs pĂ©dagogiques, que nous avons abordĂ© dans le chapitre prĂ©cĂ©dent.
â
Comment mener à bien ce travail préparatoire ? Voici quelques pistes :
Votre point de dĂ©part ne doit pas ĂȘtre ce que vous voulez transmettre, mais plutĂŽt ce que lâapprenant est en mesure de comprendre.
Commencez par vous poser la question de lâapprenant : qui est-il ? Quel est son niveau actuel ? Quel changement doit-il avoir atteint suite Ă votre intervention ?
Puis, la question du temps : de combien de temps disposez-vous ? En fonction de ce temps, quel objectif vous paraßt réaliste ?
Une fois la rĂ©ponse Ă ces questions identifiĂ©es, passez Ă la sĂ©lection. Sâil ne fallait retenir que quelques messages, quels seraient-ils ? Ne jetez pas les autres messages Ă la poubelle pour autant : vous pourrez toujours les rendre disponible dans un document Ă part que vos apprenant·e·s seront libres de consulter Ă un autre moment..
đŻ Principe n°2 : Limiter la quantitĂ© dâinformations dans vos supports
Si la quantitĂ© dâinformations totale Ă transmettre doit ĂȘtre rĂ©duite, la quantitĂ© dâinformations qui apparaĂźt dans vos supports doit lâĂȘtre encore plus minimale. Par exemple, la rĂšgle dâor pour les prĂ©sentations basĂ©es sur des diapositives : une diapositive = une information clĂ©.
Combien de slides ressemblent davantage Ă un roman saga quâĂ un haiku ? La remarque peut sembler banale. Pourtant, des arguments sont souvent avancĂ©s pour justifier de pratiques contraires :
âJâai peur dâoublier ce que je vais dire Ă lâoralâ : Il sâagit lĂ dâun faux problĂšme. Tout dâabord, vous pourriez tout Ă fait prĂ©parer pour vous-mĂȘme un support diffĂ©rent de celui que vous allez projeter aux apprenants. Rien ne vous empĂȘche de garder des notes de secours Ă portĂ©e de main. Par ailleurs, Ă©crire sur la slide ce que vous allez dire Ă lâoral est contre-productif : des Ă©tudes montrent en effet que, loin de renforcer votre message, lire ses slides tend Ă le brouiller (Clark et Mayer, 2016) .
âJâai besoin de limiter le nombre de slidesâ : Une slide est un espace visuel Ă traiter avec des ressources limitĂ©es. Lâattention et la mĂ©moire de travail, qui rĂ©gulent la quantitĂ© dâinformations que nous pouvons traiter Ă un instant t, sont surtout en jeu lorsque nous parcourons une slide, et non lorsque nous comparons des slides entre elles. Pour renforcer la mĂ©morisation de votre auditoire, mieux vaut privilĂ©gier 50 planches courtes et percutantes plutĂŽt que 10 slides bavardes.
âJâai trop de choses Ă direâ : Les rĂ©dactions les plus efficaces expriment leur idĂ©e en un minimum de mots. Pensez Ă la richesse sĂ©mantique du roman dâErnest Hemingway: âA vendre, chaussures bĂ©bĂ©, jamais portĂ©es.â Si Hemingway peut Ă©crire un roman en six mots, il doit ĂȘtre possible de simplifier votre prĂ©sentation du 10Ăšme principe de la Totologie.
đïž Principe n°3 : Ajouter intelligemment des images dans vos supports
Supposons que vous vouliez dĂ©crire le fonctionnement dâune ampoule. âLe filament chauffe au passage de lâĂ©lectricité⊠il dissipe la chaleur sous forme de lumiĂšre.â Si cette idĂ©e se comprend verbalement, elle sera bien mieux assimilĂ©e si vous lâaccompagnez dâune image reprĂ©sentant le filament en train de chauffer. La combinaison du verbal et du visuel aidera vos apprenants Ă se forger un modĂšle mental plus reprĂ©sentatif du fonctionnement dâune ampoule. A noter que cette recommandation est tout aussi applicable pour des phĂ©nomĂšnes plus abstraits, tels que des concepts juridiques ou des processus de gestion.
Attention, toutefois, tous les visuels pĂ©dagogiques nâont pas la mĂȘme efficacitĂ© :
Lâimage utilisĂ©e doit complĂ©ter le sens des mots correspondants. Une image purement dĂ©corative (une photo dâours polaire pour parler du rĂ©chauffement climatique, par exemple) peut produire un rĂŽle positif sur les Ă©motions, mais peut tout autant ĂȘtre source de distractions, tout comme le serait une musique ou un bruit de fond.
Les reprĂ©sentations schĂ©matiques sont prĂ©fĂ©rables aux reprĂ©sentations rĂ©alistes. On pourrait penser quâune photo rĂ©aliste facilite lâapplication pratiqueâŠ... En vĂ©ritĂ©, câest lâinverse : dâapprentis chirurgiens maĂźtrisent mieux lâanatomie du coeur en observant des schĂ©mas quâen se penchant sur des photographies, car leur attention sera focalisĂ©e sur lâessentiel. En effet, confrontĂ© Ă un schĂ©ma complexe ou Ă une photo, le cerveau doit fournir un effort important pour y sĂ©lectionner les Ă©lĂ©ments pertinents avant mĂȘme de commencer Ă les traiter. Ă l'inverse, un schĂ©ma prĂ©sentant peu d'Ă©lĂ©ments inutiles permet de focaliser l'effort mental : il sera donc beaucoup plus simple Ă intĂ©grer.
Lorsque vous utilisez des schĂ©mas, veillez Ă placer vos lĂ©gendes le plus proche possible des images quâelles reprĂ©sentent. Pensez au montage dâune armoire en kit : si vous devez jongler en permanence entre les schĂ©mas du mode dâemploi et les lĂ©gendes des piĂšces Ă assembler, vous perdrez aussi bien en temps quâen Ă©nergie.
Si votre schĂ©ma est complexe, il est prĂ©fĂ©rable de lâafficher progressivement plutĂŽt quâen une fois. Ainsi, pour reprĂ©senter un bateau, vous pouvez dâabord focaliser lâattention sur la coque, puis sur les voiles⊠*
đĄ Le saviez-vous ? MĂȘler de lâimage et lâaudio (votre voix) est encore plus efficace que de mĂȘler de lâimage et du texte. En effet, lâimage et le texte doivent tous deux ĂȘtre traitĂ©s par la vue, ce qui peut crĂ©er un embouteillage sensoriel, tandis que lâimage et lâaudio mobilisent deux sens diffĂ©rents (la vue et lâouĂŻe, respectivement), qui se complĂštent.
Mots clés : recommandations, conseils, présentations, structure, visuels
Des questions supplĂ©mentaires ? NâhĂ©sitez pas Ă nous contacter Ă [email protected]. Notre Ă©quipe est Ă votre disposition pour vous aider et vous accompagner dans vos projets ! đŹ